La Chute

(Der Untergang)

 

Un film de Oliver Hirschbiegel

 

D’après les œuvres de Joachim Fest (Inside Hitler’s Bunker), Traudl Junge et Melissa Müller (Bis zur letzten Stunde)

 

Avec Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Corinna Harfouch, Ulrich Matthes, Juliane Köhler, Heino Ferch, Christian Berkel, Matthias Habich, Thomas Kretschmann

 

 

La Chute est l’un de ses films qui vous laissent silencieux lorsque le générique de fin s’affiche. Il laisse une salle de cinéma comble sans voix, chacun s’en allant doucement sans parler, laissant les gens dans leurs pensées jusqu’à la fin du générique, chose rare aujourd’hui, il faut le souligner.

 

La sortie de ce film allemand sur les derniers jours de la vie d’Hitler, fût précédée de quelques polémiques : peut-on parler d’Hitler comme de tout autre homme, si l’on peut toutefois lui accorder l’humanité ? Aussi, il y eut des rumeurs selon lesquelles certains figurant qui jouaient des rôles de nazis l’étaient réellement, dans le sens où ils seraient membre du parti nazi allemand.

 

Mais malgré ces polémiques, La Chute est bien un grand film.

 

Un film de mémoire, peut-être pas de la force de La Liste de Schindler, mais un film qui a justement su trouver le regard à porter sur cette histoire, celle principalement de Traudl Junge, dernière secrétaire particulière d’Adolf Hitler.

 

C’est aussi un film allemand, qui touche à la mémoire collective… Il n’y a pas que les bons et les méchants… Il y a ceux qui étaient dans l’ignorance, dans l’aveuglement, douloureux écho à la situation politique des Etats-Unis aujourd’hui… heureusement avec les conséquences également tragiques que l’on sait. Il y a l’histoire de ces hommes et de ces femmes, fanatiques ou repentis…

 

La Chute montre Adolf Hitler tel que Traudl Junge l’a connu et tel qu’il était perçu par les derniers qui l’entouraient et qui ont vécu assez longtemps pour pouvoir en témoigner.

Tour à tour posé, « humain », mais aussi colérique, déraisonné, violent et inhumain, son portrait est loin d’être le portrait compatissant que l’on pouvait redouter. Il n’est pas humanisé dans cette œuvre, il est montré tel qu’il fût perçu, sans jugement.

 

Si Hirschbiegel fait preuve d’une belle maîtrise de l’image et de la mise en scène, c’est du côté des acteurs qu’il faut se pencher pour comprendre la force du film.

 

Tout d’abord, évidemment Bruno Ganz, interprétant le rôle titre de Hitler. Impressionnant, effrayant même par moments tant le mimétisme et les gestes du tyran sont reproduits avec perfection, jusqu’à l’intonation de sa voix, ses crises de fureur… Physiquement, la ressemblance est également bouleversante, comme si le dictateur était ressuscité.

Autour de Bruno Ganz se bousculent de très bons acteurs allemands, Corinna Harfouch et Ulrich Matthes incarnent le couple Goebbels avec force, notamment Ulrich Matthes, dont le regard est effrayant face à la mort. Heino Ferch incarne Albert Speer, l’architecte puis le ministre de l’armement du IIIème Reich, sombre personnage puisqu’il fût surnommé « The Good Nazi », personne ne sait vraiment le rôle qu’il joua dans cette seconde guerre mondiale, quelle influence il eût sur Hitler qui le considérait respectueusement.

Les 2h30 du film ne sont pas de trop pour évoquer ce qu’a représenté cette période de l’Histoire du monde, de l’Histoire de l’Allemagne.

 

Parce que la mémoire ne doit pas disparaître, allez voir La Chute.

 

 

Arnaud Meunier

08/01/2005